La maison vague

La Maison Vague – The Shanty House en anglais – se trouve à Glasgow. C'est le seul musée au monde exclusivement dédié aux chansons de marins.

Le bâtiment était à l'origine – en 1746 – une fabrique de cordages pour bateau, comme il s'en trouvait beaucoup en Europe aux XVIIIe et XIXe siècles. Il fallait en effet répondre à la demande des grands voiliers marchands qui se multipliaient sur l'Atlantique.
À bord d'un navire, n'était nommée « corde » que celle de la cloche de quart. Toutes les autres cordes possédaient un nom bien spécifique en fonction de leur utilisation : grelin, amarre, attache, filin, garcette, drisse, écoute, hauban… On utilisait aussi le mot « corde » pour évoquer celle qui servait à pendre les mutins.

La fabrique de Glasgow avait la spécificité d'être circulaire ; située au cœur même de la ville, elle ne devait pas prendre trop de place. Les cordes étaient enroulées le long d'un haut mur cylindrique, puis entreposées dans une pièce ronde au centre du bâtiment.
L'activité de la corderie déclina au début XXe siècle, tributaire de la baisse de construction des grands voiliers de la marine marchande, remplacés progressivement par des bateaux à vapeur.

La fabrique tentera de se reconvertir en tissant de grandes toiles de chanvre ; elle survivra tant bien que mal jusqu'en 1960, où elle déposera son bilan, incapable de rivaliser avec l'arrivée massive des toiles synthétiques. Pendant une vingtaine d'années, le bâtiment restera à l'abandon, squatté par de jeunes groupes de rock qui viendront pour y répéter leurs morceaux et aussi pour fumer les restes de chanvre que l'on pouvait encore trouver.

Finalement, en 1981, le bâtiment sera repris par un syndicat de marins qui décidera d'y installer un musée des chants de marins. L'intention était d'y mettre en valeur la culture et le travail des marins. C'était une forme de réaction à la politique de Margaret Thatcher qui stigmatisait de nombreux secteurs d'activité (les marins, les mineurs) considérés comme incapables de faire face par eux-mêmes aux nouvelles réalités économiques.