Il est communément admis que ses origines remontent à l'époque des devins qui, pour expliquer les mystères du monde, avaient le pouvoir de faire parler les nuages, le sang répandu des animaux sacrifiés ou autres éléments forts de la nature.

Lorsque Dieu s'adressa au peuple juif sur le mont Sinaï, sa voix était tellement forte que les buissons s'enflammèrent. Si la culture juive n'eut pas de mal à accepter que la voix de son Dieu puisse se faire entendre sans intermédiaire, les chrétiens furent embarrassés : comment interpréter ce passage de la Bible ? Comment cette Entité invisible, qui se tient bien au-delà de nos pauvres sens, aurait-elle pu s'exprimer d'une simple voix terrestre directement audible par les hommes ? Saint Augustin avança l'hypothèse qu'à travers le sifflement du vent, le grondement du tonnerre, le crépitement des buissons ardents, Dieu avait fait parler la nature en Son nom.

Ce postulat se retourna contre lui-même au siècle des Lumières, quand Jean-Jacques Rousseau, avec sa religion naturelle, prétendit qu'au contraire, c'était la Nature le principe de toute chose ; c'était elle qui, par la puissance de ses éléments, animait les dieux dans notre imagination.

Si la portée de telles théories se mesure par leur application au cœur de la vie quotidienne, il est intéressant de remarquer que les positions antagonistes augustiniennes et rousseauistes se sont retrouvées incarnées jusque dans les soufflets de cheminée avec lesquels chaque famille entretenait la flamme du foyer. Les uns possédaient des décorations florales typiques des hymnes à la Nature, d'autres des motifs abstraits composés de petits clous évocateurs de Celui qui s'était sacrifié pour nous. 

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Soufflet du XVIIe siècle, Sologne

Apologie des forces de la Nature, ce soufflet présente sur une face un oiseau dérobant le feu d'un volcan pour l'apporter aux hommes. De l'autre côté, une ronde autour d'un arbre de vie. Les personnages semblent recouverts de cendres (soit celles du volcan, soit celles de la mort, partie intégrante des cycles de vie).


Soufflet du XVIIe siècle, Île-de-France

Sur une face, des clous sont disposés en forme de croix. L'autre face est percée de deux trous représentant les yeux bienveillants du Christ se faisant homme.