Jusqu'au Xe siècle, les peuples d'Europe du Nord, qui, de leur côté, ne portaient que peu d'intérêt à l'écriture, continuèrent de confier aux ventriloques les séances divinatoires au cœur de la forêt. Les arbres étaient pour eux synonymes de sagesse et présidaient à toutes les décisions d'importance. Par exemple, lorsqu'un conflit était imminent, un clan pouvait se rassembler autour de l'arbre le plus ancien et attendre de lui un verdict sur le fait d'entrer en guerre ou non. La veille, l'arbre avait vu son pied secrètement scié sur ses trois quarts pour pouvoir tomber au moment voulu – avec l'aide extérieure de cordes dissimulées dans le feuillage. Au début de la cérémonie, tous les hommes poussaient un petit cri comme pour indiquer à l'arbre qu'ils voulaient entrer en dialogue avec lui ; c'est alors que celui-ci se couchait de tout son long, laissant apparaître les cernes de son tronc. Le moment était venu pour le ventriloque d'entrer en scène. D'un ample mouvement du bras, il suivait le contour du cerne le plus large et, son index pointé sur le sillon exactement comme le ferait l'aiguille d'un tourne-disque, il révélait d'une voix tremblante les paroles de sagesse que l'arbre avait mis toute sa vie à graver en lui. Il passait ainsi tous les cernes en revue. La dernière parole était rendue par le plus petit d'entre eux, le plus proche des origines, et se résumait généralement à un « oui » ou à un « non » ; exceptionnellement, suivant sa forme, à un « peut-être ».
Les Planètes, jeu de billes norvégien
L'influence de ces anciennes cérémonies est toujours présente dans certaines régions du nord de l'Europe, par exemple avec Les Planètes, ce jeu de billes norvégien toujours très populaire de nos jours dans les écoles.
Les Planètes se joue en intérieur sur des rondelles de bois, ou en extérieur sur des souches d'arbre allant jusqu'à 1 mètre de diamètre.
Les cernes des arbres donnent l'occasion aux enfants de s'affronter à l'échelle de l'Univers.
Ce jeu nécessite sept billes : une bille jaune pour le Soleil, une bleue pour la Terre, une blanche pour la Lune, grise pour Mercure, verte pour Vénus, rouge pour Mars et enfin une noire pour la météorite. La météorite est la « lanceuse », c'est la bille la plus importante. On la garde pour la vie.
Les Planètes se joue à trois. Chacun des participants prend deux billes dans son sac pour composer un mini-système solaire : Terre et Lune, Mercure, Vénus, Mars et Soleil.
Les planètes sont déposées dans des encoches rondes. Le but est de leur lancer la météorite pour qu'elles effectuent, sous le choc et en suivant un sillon creusé dans les cernes, une rotation complète autour du Soleil. Dans le cas de la Lune, c'est autour de la Terre.
Le premier joueur commence par faire tourner la Lune autour de la Terre.
S'il échoue, c'est au tour du joueur suivant. S'il réussit, il tente, avec sa météorite, de faire tourner dans l'ordre Mercure, Vénus, la Terre et Mars. S'il y parvient, il place sa météorite à la place du Soleil en déclarant « Vae victis ! » et empoche toutes les billes. Les deux autres joueurs doivent alors puiser trois billes chacun dans leur sac pour recomposer le système.
S'il échoue, il donne à chacun des deux autres trois billes du système en place et prend six billes dans son sac pour en recomposer un nouveau.