L'expansion du christianisme en Europe mit un terme aux pratiques des devins ventriloques. Alors qu'ils tenaient, jusque-là, le rôle de dignitaires respectés auprès des seigneurs locaux, ils perdirent toute influence dès que ceux-ci se convertirent. Débutèrent alors pour eux de longues vies d'errance au cours desquelles, tels des colporteurs, ils allaient exercer leur art de village en village. N'ayant plus le pouvoir de faire abattre des arbres, ils reportèrent leur attention sur des pierres rares dont ils faisaient parler les veines, comme si le sang d'une vie féerique coulait en elles. En réalité, ces minéraux n'avaient rien d'extraordinaire : avant leur arrivée dans un village, les ventriloques allaient chercher au creux d'un ruisseau les plus veinés d'entre eux, puis ils les plaçaient avec minutie dans les casiers de leur boîte de colportage dont un système en trompe-l'œil permettait, au moment de leur démonstration sur la place du village, de faire émerger une pierre en donnant l'illusion qu'elle était en lévitation. Ces pierres aux vertus magiques étaient ensuite vendues aux plus offrants.
Ci-dessus : pierre veinée
Ci-dessous : coffre de colporteur du XVIIe siècle, Limousin