Le cas de sainte Solange du Berry est peut-être l'un des plus emblématiques. Au printemps 1871, une statue en bois polychrome de sainte Solange du Berry fut retrouvée dans une cave de Bourges et aussitôt exposée à la cathédrale.
De nombreux fidèles venus se recueillir devant cette bergère martyre décapitée en 878 n'en crurent pas leurs oreilles : la tête ensanglantée – que la sainte tenait entre ses mains devant son ventre – semblait leur parler. Les sons ténus qui sortaient de sa bouche étaient incompréhensibles mais on aurait dit un langage venu de l'au-delà ; sur ce dernier point, tous les témoignages concernant ce miracle étaient concordants.
Ce n'est qu'en retournant la statue que l'on découvrit au dos de la sainte un nid contenant deux oisillons logé dans une cavité vermoulue. Les vers y avaient creusé de minuscules galeries jusqu'au visage, créant ainsi une sorte d'enceinte acoustique naturelle.
Le nid fut alors déplacé dans une cage suspendue à côté de la statue pour permettre à chacun de venir pieusement interpréter le chant des oiseaux. À leur mort, ceux-ci furent discrètement remplacés par d'autres, et ce, jusqu'à nos jours.
Ci-dessus : Sainte Solange, sculpture sur bois, Bourges, anonyme XVIe
Ci-dessous : Tête à chapeau et chapeau de paille, Bourges, XXe siècle,
témoignage vivant de la persistance du Miracle de sainte Solange et les oiseaux