Au Moyen Âge, découvrir un nid de guêpes sous son toit était considéré comme une malédiction. « La rumeur est dans la demeure », disait un proverbe. Le bourdonnement sourd des insectes était en effet assimilé au murmure pernicieux des médisances qui se chuchotent dans le dos des autres. Si ce type de nuisance se retrouvait au sein même de la famille, il fallait aussitôt agir à la racine du mal avant de le voir se propager comme une traînée de poudre à l'extérieur du foyer.

La plupart du temps, c'était au prêtre du village qu'il incombait d'éradiquer le véritable nid puis de bénir la maison afin de lui rendre un bon esprit.

Ces pratiques, largement répandues dans la France d'alors, sont en lien étroit avec une tradition qui, elle, n'a jamais dépassé les frontières de quelques villages des Hautes-Pyrénées.

Là-bas, au plus fort des XVIIIe et XIXe siècles, se tenait une fois l'an une mascarade au cours de laquelle quatre ou cinq officiants portant de grands masques en forme de nid de guêpes déambulaient dans les rues. À leur passage, les villageois déposaient dans les multiples alvéoles criblant les masques de petits billets roulés noir et jaune (de la taille d'une guêpe) sur lesquels ils avaient écrit (ou fait écrire, dans le cas des analphabètes) tout le mal qu'ils pensaient de leurs voisins. Comme s'ils étaient nourris de ces paroles malveillantes, les officiants fredonnaient tout au long de leur procession, laissant échapper de temps à autre, comme une piqûre, des mots intelligibles dénonçant l'une ou l'autre vilenie d'un des membres de la population. Au terme de la cérémonie, un grand feu de joie était allumé dans lequel on faisait disparaître les masques et leurs billets.

Masque en nid de guêpes utilisé lors de mascarades dans le Béarn