L'histoire des objets programmés pour parler remonte à très loin dans le temps et met en évidence cette volonté de ne jamais couper le lien avec les propriétés surnaturelles – sacrées ou maléfiques – attribuées à la Parole.

Un exemple frappant est donné par la longévité des murs hurlants (mentionnés la première fois par Strabon en l'an 9 avant notre ère, et toujours actifs de nos jours dans les Ardennes).

Les nuits de tempête, les murs de certaines fermes ardennaises émettent des hurlements si intenables que l'on croirait entendre des fantômes en proie au plus terrible désespoir. Ces plaintes sont en réalité produites par le vent s'infiltrant dans des bouteilles en grès que des maçons, lors de la construction du bâtiment, ont pris soin de dissimuler dans l'épaisseur des murs. Ils préparent ainsi leur vengeance future à l'encontre de propriétaires dont ils ont subi les mauvais comportements sans avoir pu réagir ouvertement.

Le principe ancestral des « murs hurlants » se retrouve également dans des villages de pêcheurs en Normandie où, en lieu et place des bouteilles de grès ardennaises, étaient scellées des pierres creusées par le vent et le sable.

Ci-Dessous : bouteilles en grès des XVIIe et XXe siècles

s

Ci-dessus : pierre de Fécamp