Les objets de Patrick Corillon – que l’on pourrait très bien croiser dans un musée des traditions populaires ou dans une exposition d’art conceptuel – se remarquent par leur volonté de porter le plus simplement possible des histoires qui touchent autant les individus que les communautés, les vivants que les morts.
Le 6 novembre 1956, Oskar Serti s’enfuit de Budapest enfermé dans une caisse en bois. Mais l’odeur dégagée par la sève qui suintait des planches encore fraîches lui rappela tant les forêts de son enfance qu’il fut saisi d’un inconsolable mal du pays.
Lorsque, passé la frontière, ses amis voulurent le libérer, ils le virent tellement attaché à sa boîte qu’ils prirent des couteaux pour décoller la semelle de ses chaussures qui s’étaient engluées dans la résine.
Le 5 mai 1907, le sculpteur Baptiste D… conçut une Vénus en pierre dont les formes devaient être exclusivement taillées par le seule force de jets d’eau savamment canalisés.
Mais lorsqu’à l’inauguration du 2 juin 1910, on coupa les eaux pour découvrir la déesse surgissant des flots, les officiels la jugèrent tellement impudique qu’ils décidèrent de rouvrir les eaux jusqu’à ce qu’elle recouvre un aspect plus décent.
Lorsqu’il entendit au-dessus de lui le bruit sourd de la fameuse météorite qui devait s’abattre sur sa maison, Oskar Serti pressentit qu’il allait en être la victime.
Résigné, sa dernière pensée fut pour Catherine de Sélys, qu’il avait pourtant lâchement abandonnée cinq ans auparavant.
Le soudain rappel, en ce moment fatal, de l’exécrable comportement qu’il avait eu vis-à-vis de la pauvre Catherine, réveilla en lui un tel sentiment de dégoût qu’un violent soubresaut de répulsion envers lui-même le parcourut et l’écarta miraculeusement du danger.
Quelques installations intérieures |
et extérieures |
Quelques œuvres sur papier |
Dialogues avec des collections |
Quelques livres à ciel ouvert |
L’ocuicole est un endoparasite qui — même s’il peut se suffire à lui-même — est continuellement agité par la peur de manquer. Dès qu’il peut pénétrer l’organisme humain, il tente d’absorber chaque cellule de notre corps ; mais comme il n’en a pas besoin, il les rejette aussitôt un peu plus loin. Ainsi, après leur rejet par l’ocuicole, toutes les cellules sans exception de notre corps seront déplacées d’une distance infinitésimale, mais suffisante toutefois pour nous donner l’impression générale de n’être plus que le souvenir de nous-même.
Tous les actes que nous poserons alors ne nous concerneront plus directement, mais seront accomplis au nom de celui que nous étions.
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