Dans l'amitié de mes genoux

 

Dans l’amitié de mes genoux propose une expérience intime et sensorielle qui a pour but de plonger les spectateurs dans une histoire dont ils deviennent les acteurs.

Ce projet vise à développer un imaginaire autour du paysage (qu’il soit réel, littéraire, mythologique, appartenant au passé ou possible dans l’avenir). La question centrale étant : comment nous approprier physiquement et poétiquement nos paysages, nous sentir un véritable acteur de ceux-ci afin de pouvoir nous projeter dans un avenir environnemental et climatique non pas perdu d’avance mais envisagé comme un terrain de jeu ouvert à tous les possibles.

Dans l’amitié de mes genoux  est composé de quatre récits de 30 minutes (indépendants les uns des autres) à destination d’un public de 100 personnes maximum.
Une narratrice raconte des odyssées dans des paysages bouleversés que chaque spectateur anime de ses propres mains grâce à un plateau de jeu posé sur ses genoux. Suivant les histoires, les paysages sont constitués de cubes que l’on assemble, de perles que l’on fait coulisser, de tissus que l’on déroule pour en suivre les fils, de disques que l’on fait tourner.

 

 

Chacun vit dans la compagnie de quelqu’un d’autre. Ce quelqu’un existe vraiment; il se trouve à notre exact opposé sur la terre. C’est notre contrepoids. Si nous allons dans un sens, il va dans l’autre. Nous nous maintenons en équilibre. Parfois c’est nous qui menons, parce que nos intentions sont plus fortes que les siennes, parfois c’est lui. Nous le ressentons comme une ombre, et lui doit nous voir aussi comme cela. Mais nous sommes tous les deux réels. C’est la personne qui nous est la plus proche, et c’est la seule que nous ne pourrons jamais rencontrer.


La flaque se voyait pourtant toujours parfaitement flaque. Prête à agir dès qu’elle sentirait son intégrité menacée, elle continuait de se laisser porter par les eaux glaciales d’un ruisseau soudainement gonflé par les précipitations orageuses. Elle était réconfortée par cette différence de température. « Tant que je sentirai cet écart, cela voudra dire que je suis toujours une flaque. Autrement, je n’aurais plus qu’à me dissoudre dans le ruisseau ; je perdrais ma conscience. »
« Si nous voulons que ces yeux nous respectent à notre juste valeur, rongeons toutes les feuilles et même les arbres qui nous entourent. Ainsi nous constituerons le seul et unique élément du paysage.
– Malheureux que vous êtes, ne commettez pas cette bêtise ! Si nous mangeons d’un seul coup tout notre environnement, il ne nous restera plus rien pour les jours difficiles, et nous serons obligés de nous manger entre nous. Personne n’aura envie de contempler un tel paysage de désolation. Les yeux s’en iront. Je vous propose d’adopter une attitude plus positive : jouons de la musique. Nous savons la faire porter bien haut et bien loin. À défaut d’être vues, nos qualités seront entendues. »


« Ma vie n’est qu’une illusion, dit la taupe au ver. Tout ce que j’aimerais bien tenir contre moi m’échappe des mains. Tu ne peux pas comprendre parce que tu n’as pas de bras ; mais tu vois, chez nous les taupes, c’est comme si nos bras avaient été placés à l’envers. Dès qu’on veut s’emparer de quoi que ce soit, nos mains l’écartent sur le côté. En même temps, c’est ce mouvement-là qui nous fait avancer. On avance à la recherche de quelque chose qu’on ne pourra jamais obtenir. » 


Poursuivant sa lecture, le petit tas d’os eut l’heureuse surprise de tomber sur une analyse développant les liens entre les aigles et les restes de leurs repas. Les aigles royaux peuvent contempler un temps infini les os de ceux qu’ils viennent de manger. Peut-être que cette forme de méditation leur permet de côtoyer en toute sérénité la mort qui rôde en permanence autour d’eux. « La mort, encore la mort ! Qu’est-ce que c’est que cette chose qui fascine tout le monde à part moi ? » s’exaspérait le tas d’os.

« Excuse-moi, mon chéri, dit l’émeraude au bloc de craie, mais je retrouve enfin la liberté. Tu ne peux pas imaginer dans quelles conditions j’ai vécu jusqu’à présent. » Sans omettre le moindre détail, elle expliqua son extraction au fond d’une mine en Colombie, son voyage en Inde pour une première taille, son séjour en France où, prise en charge dans un atelier spécialisé, elle fut corrigée, polie, ciselée en mille facettes qui chacune relevait du grand chic parisien.


Production et équipe artistique

Je télécharge les histoires et le dossier de présentation

 

Les yeux du paysage

 

 

Le paysage sans fin