La galerie de peinture
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Oskar Serti et Catherine de Sélys marchaient dans la rue Vieille du Temple quand, surpris par un violent orage, ils se précipitèrent dans le premier bâtiment venu pour se mettre à l’abri de la pluie et du vent. |
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Lorsqu’il s’adossa contre la cimaise qui se trouvait autrefois ici, et même s’il ne s’estimait plus capable d’apporter quoi que ce fût à Catherine, Serti voulut mettre tout en œuvre pour garder l’espoir qu’elle pût encore lui témoigner un minimum de considération : il se colla contre le mur à la suite des toiles exposées, et retint profondément son souffle afin d’être le plus plat possible. |
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Dès qu’il s’arrêta ici, Serti ressentit un élancement aigu au sommet du crâne ; mais il ne s’en étonna pas trop, tant ses appréhensions de revoir une peinture étaient grandes. |
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Lorsqu’il s’arrêta ici, Serti remarqua à sa grande déception que les gouttes d’eau qu’il souhaitait voir s’égrener sur la tête de Catherine, manquaient leur cible et s’écrasaient lamentablement sur son chemisier. |
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Catherine de Sélys vint ici pour jeter un regard furtif sur l’exposition. Mais contrairement à ce qu’elle s’imaginait, elle se sentit attirée par les toiles qu’elle regardait. Après un temps, elle fut même surprise d’éprouver en leur présence un sentiment proche de la sérénité, qui parvint à gommer d’un trait le douloureux souvenir de Pierre Lipart. |
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Dès qu’elle se retrouva à cette place, Catherine de Sélys vit son chemisier se couvrir de petites taches de la même couleur brunâtre qu’employait Lipart pour la plupart de ses compositions. Catherine se doutait bien que ces taches provenaient des gouttes d’eau qui, sous la violence de l’orage, tombaient de la charpente rouillée de la verrière. Mais elle ne pouvait pourtant s’empêcher de voir dans ce phénomène le signe d’une vengeance posthume de Lipart qui, vexé |
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Alors qu’elle traversait la salle, Catherine de Sélys découvrit soudain le visage inondé d’Oskar. Imaginant le pauvre sous le coup d’une trop forte émotion, elle supposa qu’il n’était pas encore rétabli de la mort de Pierre Lipart, et l’état dans lequel elle le trouva la remit brutalement en question : |
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Lorsqu’il poursuivit sa visite, Oskar Serti aperçut au fond de la salle une petite flaque d’eau qui trahissait une autre fuite dans la verrière. Il eut aussitôt l’idée d’y emmener Catherine à son insu, et de la soumettre, elle aussi, à l’épreuve de la goutte. Serti se rendit compte avec fébrilité que, si jamais il parvenait à lui faire partager les intenses émotions picturales qu’il venait de vivre, il tenait là une formidable occasion de se prouver que Pierre Lipart – dont les prétentions intellectuelles l’avaient finalement toujours un peu agacé – n’était pas le seul dépositaire de l’initiation artistique de Catherine. |
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